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La lutte contre le feu à Valjouffrey
Le feu a fasciné les hommes, il les a accompagnés à travers les âges, tantôt allié, tantôt dévastateur.
Cette manifestation naturelle tombée du ciel avec la foudre, ou jaillie de la terre avec le volcan, les a tour à tour réchauffés, éclairés, cuit leurs aliments, éloigné les bêtes sauvages et même permis de communiquer à distance. Parfois aussi il les a terrorisés voire tués.
Le feu nécessite pour exister trois éléments indispensables. Ces trois facteurs constituent le « triangle du feu » quand on veut créer un foyer on les rassemble et quand on veut le combattre on essaye d’en supprimer au moins un.
Ces trois éléments sont : la chaleur, le combustible et le comburant (l’oxygène contenu dans l’air).
Un garçon d’une dizaine d’années a vécu un combat épique contre l’incendie à la chapelle en Valjouffrey au début des années cinquante, impressionné et captivé par ce spectacle heureusement rare, il en gardé le souvenir.
Pas de télévision à cette époque, ce jour-là, l’aventure était dans la rue au centre du village.
Le côté dramatique mis à part, la scène par moment a eu des instants colorés, dignes de jeux télévisés
Les cloches se sont mises à carillonner à la volée, d’habitude c’est lui, le garçon, qui les actionnait avec la complicité d’autres garnements pour mettre un peu d’ambiance dans le village et observer en cachette les réactions des « anciens». Les coupables étaient connus, mais ces incivilités n’étaient pas sanctionnées. Au son des cloches le garçon bondi hors de la maison pour voir qui était l’intrus. Habitant tout près de l’église, il fut immédiatement sur les lieux et constata que c’était des adultes qui étaient pour une fois pendus aux cordes, dans l’entrée de l’église. Simultanément il aperçut une épaisse fumée noire qui s’échappait de la cheminée de la maison des Charles, juste en face de l’église.
Des gens courraient dans la rue principale et bientôt tous les valides se retrouvèrent dehors.
Des hommes s’affairaient à sortir une grande échelle de la grange de la maison sinistrée, elle fut prestement dressée contre le bord du toit à l’aplomb de la grosse cheminée qui avait pris l’allure d’une cheminée de paquebot transatlantique…
Son attention fut attirée ensuite par un attelage insolite qui progressait dans la direction. Il s’agissait de la pompe à incendie mobile, propulsée à toute vitesse par des gaillards motivés. D’autres les suivaient portants des « paillasses » de ce qu’il se révéla être des couronnes de tuyaux.
La pompe à bras trouva place devant le lavoir, les tuyaux furent déroulés et branchés promptement à la pompe. Quatre hommes pompèrent sans ménagement bien décidés à faire cracher à la machine l’eau salvatrice.
L’extrémité du tuyau muni d’une lance avait été hissé en haut de l’échelle avec une corde par un courageux pompier bénévole improvisé (le fils de la maison sinistrée), il avait réussi ensuite à ramper sur le toit pour aller se caler derrière la cheminée.
Du côté du lavoir ; l’eau avait fait son apparition, mais pas où on l’attendait, elle inondait le sol s’échappant des tuyaux crevés en divers endroits, probablement le travail discret des souris ou rats pendant la longue disette hivernale dans le bâtiment de la pompe.
C’est à ce moment que les femmes présentes, jusque-là spectatrices, entrèrent en action et firent les gestes qui sauvèrent la situation. Elles quittèrent prestement le tablier magique à usages multiples qu’elles portaient en permanence et s’en servirent pour panser les tuyaux fuyards, encouragées par les « dépêchez-vous » des spectateurs!
Les minutes passant le feu s’était emballé, des flammes maintenant dépassaient la cheminée, l’excitation des spectateurs était au comble, la mère de l’homme perché, sur lequel reposaient tous les espoirs, se lamentait la tête entre les mains en égrenant : « moun enfant… moun enfant... »
L’eau arriva enfin à destination, coula dans le conduit. Quelques minutes après, une fumée blanche, annonciatrice des bonnes nouvelles apparu, l’eau glacée du lavoir faisait son travail. Un soulagement palpable envahit l’assistance qui laissa s’exprimer sa joie bruyamment.
Des hommes sortirent de la grange avec des seaux pleins d’eau, ils étaient allés surveiller le conduit de cheminée, prêts à intervenir en cas de propagation de l’incendie au fenil.
La vie reprit son cours naturellement, l’entraide avait joué à fond. Les rivalités les plus tenaces cèdent dans ces moments intenses…
Un plafond de la maison porte encore à l’heure actuelle des traces de cette aventure.
Une habitante très jeune à l’époque (deux ou trois ans) se souvient aujourd’hui avoir entendu ses parents raconter la scène à plusieurs reprises.
Qu’en est-il de la lutte contre le feu plus d’un demi-siècle plus tard ?
Plus aucune trace du système décrit ci-dessus. Seule la pompe de Valsenestre sur une placette du village constitue un témoignage de la vie bien organisée de nos ancêtres. On peut regretter le peu de soin dont elle fait l’objet, le timon est pourri et les barres de manœuvre ont disparu. La « Bonne source » fait appel à bénévoles pour sauver ce qui peut encore l’être sur cette pièce du patrimoine. À La Mure on peut observer une rutilante pompe ancienne, plus sophistiquée mise en valeur dans le hall de la brigade des pompiers.
Cette pompe objet du patrimoine. fabriquée artisanalement à la Mure par forgeage et chaudronage manuel, dans des matériaux nobles constitue un véritable objet d'art. Elle à a reçu ici l'abri et la mise en valeur qu'elle méritait
La ressource à l’heure actuelle est de faire le 18 et attendre l’arrivée des pompiers bénévoles de Valbonnais, ou de La Mure.
Sur leurs lieux de travail les pompiers seront prévenus par leur « bib », devront rejoindre le local embarquer dans les véhicules, puis se rendre à Valjouffrey. Suivant qu’il faille aller à la Chapelle à Valsenestre ou au Désert, le temps pourra varier entre une bonne demi-heure et plus d’une heure. Plus de temps qu’il n’en faut à un feu pour produire d’énormes dégâts et se propager alentour.
La température d'une pièce en feu atteint 600° en trois minutes...
En arrivant si le feu est toujours actif et si d’autres habitations sont à sécuriser ils devront trouver de l’eau. Dans bien des cas il sera plus sûr d'envoyer une crépine dans un endroit aménagé à cet effet de la rivière, Les bouches rutilantes qui ont fleuri récemment en divers points de la commune ne pourront donner que ce qu’elles reçoivent. Une commune qui produit annuellement des millions de m3 d’eau de source aurait de quoi alimenter abondamment ces poteaux. Quand est-il réellement? difficile de le savoir. Le réservoir de la Chapelle a depuis plus d’un demi-siècle la même capacité d’environ 750 litres de quoi remplir 100m de tuyaux (sans trous). Faut-il rappeler que les réseaux d’eau potable sont pour certains en mauvais état et passablement fuyards, leur rendement annoncé dans le bulletin municipal serait d’environ 29%.
Il faut rappeler ici le vieil adage qui dit ceci : pour éteindre un feu, un verre d’eau suffit à la première seconde, dix litres à la première minute, une tonne au bout de 10 minutes.
La jurisprudence rend responsables les mairies en cas d’insuffisance de débit aux bornes d’incendie lors d’un sinistre. Le bulletin municipal pourrait-il communiquer aux habitants les données obtenues par les essais périodiques de chaque borne ? La demande faite à la mairie par téléphone de consulter des fiches de test des poteaux d’incendie, le 5 juillet 2017 est restée sans réponse. Une nouvelle demande faite publiquement, directement au Maire à l'issue le conseil municipal du 11 juillet en présence des conseillers et les auditeurs a reçu la réponse suivante : « je n’ai pas reçu de demande écrite » !
La "bonne source" publiera ces tests dès qu'elle en aura eu connaissance, selon la bonne volonté du maire. Ce refus masque-t-il des carences dans ce domaine ? les mesures de sécurité ne seraient-elles pas conforme? Dans le bulletin municipal 2015 un état des lieux établi par G2C environnement .on peut lire en page 2 la constatation suivante: "des insuffisances en matière de défense incendie."
La règle voudrait que les bornes soient alimentées par une canalisation de 100mm, et qu’elles soient capables de fournir un débit de 60m3/h sous une pression de un Bar pendant deux heures soit une réserve disponible de 120m3!
Au moins une fois encore, à la Chapelle, toujours près de l’église, un feu de cheminée s’est déclaré, il a été réduit par les habitants.
Au moins deux fois au Désert, les habitants sont intervenus efficacement avant l’arrivée des pompiers en utilisant une borne près du cimetière et des tuyaux abandonnés sous le lavoir.
Sont représentés ci-dessus les éléments mis en œuvre au Désert, pour éteindre ces deux feux.
Ces photos très récentes se passent de commentaires pour ce qui concerne le soin apporté à la préservation de ce matériel qui s’est montré efficace lors des deux sinistres évoqués.
Il faut savoir que l'accès aux poteaux d'incendie n'est permis qu'aux pompiers et au service des eaux.
Qu'il faut posséder une clé spéciale pour les mettre en service, ainsi qu'une autre clef pour raccorder les tuyaux .
Sommes nous condamnés à regarder sa maison bruler à coté d'un poteau à incendie en attendant les pompiers ?
Le maire dans son bulletin municipal pourrait-il nous dire comment il voit les choses?
Ne faudrait-il pas que dans tous les villages un matériel d'urgence opérationnel, soit à la portée des habitants compte tenu de l’éloignement des secours ? Pour les raisons évoquées ci-dessus, les moyens de lutte contre l'incendie ont d'évidence régressés depuis quelques décennies!
Le conseil de La « Bonne source » dans ce domaine est que chaque maison se dote d’une prise d’eau extérieure munie d’un gros flexible toujours à poste pour parer toute éventualité.
Un extincteur chez soi aussi dans certains cas, peut rendre un précieux service.
Attention tout de même. Dans le meilleurs des cas la lance domestique a un débit 60 fois moindre qu'une lance de pompier branchée sur une borne règlementaire!
Les personnes intéressées par la prévention contre l’incendie trouveront des conseils très utiles en utilisant le lien suivant.
http://www.arp-securite.com/pdf-arp-securite/incendies-interview-france-bleu.pdf
Les services de sécurité incendie interrogés sur leurs priorité en cas de sinistre sont unanimes pour dire que la présence d'eau en quantité suffisante est primordiale. Cette présence peut être matérialisée par un poteau d'incendie ou une aire de puisage spécialement aménagée, clairement signalée et opérationnelle de façon pérenne.
L'accessibilité de gros véhicules à proximité d'un sinistre n'a aucun intérêt. Compte tenu de la configuration des villages anciens et de leur voirie, il ne serait pas sérieux, voire inesthétique et dispendieux d'ouvrir des voie"gros poids lourd partout!
Les pompiers sont entrainés à dérouler en un temps record des dizaines de mètres de tuyaux.
Dans le domaine de l’urgence vitale, « La Bonne source » profite de cet article pour soulever la question des défibrillateurs. Ces appareils sont présents dans tous les villages de la commune, rien n’indique leur localisation de façon évidente ! Sachant qu’après un maximum de 12 minutes leur utilisation est inutile, il serait bon qu’un panneau au centre des villages indique leurs emplacements. L’idéal étant que ces appareils soient en accès libre sous un panneau, comme cela existe dans plusieurs communes environnantes. Le risque qu’il soit volé est quand même moins grave que le risque vital que court une personne en état de fibrillation cardiaque.
Là encore en regard de la situation actuelle, l’apprentissage du massage cardiaque accompagné du bouche à bouche serait un bon investissement et certainement plus efficace, moins fatiguant et moins stressant qu’une enquête nocturne pour trouver le défibrillateur.
D’autres points où le danger est permanent seront abordés dans un prochain article.
Tags : feu, incendie
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